
BEAUTÉ ET SPIRITUALITÉ : 10e édition des Rendez-vous Cinéma IL EST UNE FOI, MAI 2025
« Nous vous invitons à célébrer les 10 ans des Rendez-vous cinéma IL EST UNE FOI, en parcourant le thème de la BEAUTE, une promesse aussi radieuse que surprenante pour fêter dignement cet anniversaire inattendu. 10 ans de cinéma et 130 films, 80 débats et plus de 11’500 spectateurs, un pari tenu contre toute attente et pour le plus grand plaisir d’un public fidèle et plus nombreux chaque année. IL EST UNE FOI est une fête destinée à toutes et à tous, alors cap sur 2025. »

Geoffroy de Clavière, délégué général
EDITO – Briana Berg et Marie Cénec
« La beauté sauvera le monde » — Fiodor Dostoïevski
« La beauté sauvera le monde », a dit Dostoïevski. Mais qu’est-ce que la beauté ? Et comment ou de quoi nous sauverait-elle ? François Cheng, qui a beaucoup écrit sur cette question1, nous donne ici un indice : « La beauté comme principe de vie exclut toute utilisation de celle-ci comme outil de tromperie ou de domination. Car ceci est la laideur même, le mal. » Beauté et vérité sont ainsi intimement liées, et contiennent le germe d’un chemin spirituel authentique.
Ainsi, dans un monde où le beau est souvent réduit à l’aspect esthétique, à la surface et à l’apparence, la 10e édition des Rendez-vous Cinéma de l’ECR braque le projecteur sur l’expérience spirituelle qui jaillit de la rencontre avec la Beauté. Les 25 films programmés cette année tissent la matière de la beauté profonde qui sommeille en nous et tout autour de nous, invitant à l’émerveillement et à l’élévation.
Plusieurs thématiques permettront de mieux saisir comment s’incarne la beauté, ce concept souvent abstrait et subjectif.
Au tout premier plan, l’art, véhicule par excellence de l’absolu : Andreï Rublev de l’immense cinéaste Tarkovski, sera ainsi le film phare de cette édition, avec sa quête inlassable de la retranscription du sacré à travers la peinture d’icônes. De même, la poésie est illustrée visuellement dans chaque plan du chef-d’œuvre expérimental qu’est Sayat Nova (1969), un film que l’on ne voit que trop rarement sur les écrans. La transcendance à laquelle peut mener la musique est évoquée dans Le Salon de musique de Satyajit Ray, et sous un angle différent par Fellini dans E la nave va (1983).
La beauté qui se révèle dans la nature est au centre de la thématique du réenchantement du monde dans Miel, de Semih Kaplanoglu, 2010, ainsi que la vision de l’enfant, qui n’a pas encore perdu le regard émerveillé que nous portons tous en nous — une vision que The Long Day Closes de Terence Davies (1992) rend de manière poignante.
Plus proche de nous, la capacité à être touché par l’harmonie et la simplicité du quotidien se révèle dans Perfect Days de Wim Wenders, Paterson (Jim Jarmusch, 2016) ou Dead Poets’ Society (Peter Weir, 1989). De même, le bouleversement occasionné par la rencontre solennelle avec le cycle de la vie et de la mort, comme dans le magnifique film de Naomi Kawaze, Still The Water (2014), participe à l’expérience de la beauté de l’existence et sa nature transitoire.
Et n’oublions pas l’amour qui toujours permet à l’être de se dépasser et d’atteindre des sphères détachées de l’ego. Leo McCarey a brillamment travaillé cette question dans le très hollywoodien Elle et lui (1957), de même que Zabou Breïtman dans ce délicat sujet de l’Alzheimer précoce avec Se Souvenir des belles choses (2001). L’amour de l’autre peut aussi, idéalement, mener à la révélation de sa beauté intérieure, mise en lumière par Elephant Man (David Lynch, 1980).
Finalement, l’élévation par la recherche de la bonté et de la compassion sera illustrée de manières variées, du grand classique de Rossellini, tourné en 1950, Les Onze Fioretti de François d’Assise ; au récent Magdala, de Damien Manivel (2022) ; ou encore à travers l’enchanteur Conte de la princesse Kaguya d’Isao Takahata (2013).
Enfin, la clôture de ces 10 années de cinéma et débats, le dimanche 4 mai, aura lieu au Conservatoire de musique de Genève où nous présenterons un spectacle multimodal d’Andrej Tarkovsky (le fils du metteur en scène) : NOSTALGIA FOR THE ABSOLUTE, concert hommage à Andreï Tarkovsky avec le duo Gazzana qui interprétera des œuvres de Bach, Messian et un texte issu des films et mémoires du regretté metteur en scène russe, dit par l’acteur Samuel Labarthe.
Cette édition anniversaire du festival IL EST UNE FOI offrira ainsi l’occasion de retrouver la voie de l’élégance et de la grâce, tout en découvrant des expressions parfois surprenantes de la beauté qui pacifie le monde.
1 Cinq méditations sur la Beauté