Deux soeurs, vieilles filles pieuses vivant dans les landes isolées du Jutland, recueillent Babette, une Parisienne qui fuit la guerre civile de la Commune. Devenue leur cuisinière et femme à tout faire, celle-ci s’intègre à la petite communauté religieuse, à qui elle offre un festin à la française lorsqu’elle gagne à la loterie...
OSCAR DU MEILLEUR FILM ÉTRANGER 1988
Deux soeurs, vieilles filles pieuses vivant dans les landes isolées du Jutland, recueillent Babette, une Parisienne qui fuit la guerre civile de la Commune. Devenue leur cuisinière et femme à tout faire, celle-ci s’intègre à la petite communauté religieuse, à qui elle offre un festin à la française lorsqu’elle gagne à la loterie. Destins croisés de femmes, dont la spiritualité tournée vers le dévouement aux autres s’exprime d’une part par la fidélité au père, pasteur luthérien charismatique, et à ses enseignements ; d’autre part par l’amour de l’art, ici culinaire. Puritains et papistes, Danois et Français, rigoristes et bons vivants mêlent leurs vies dans cette fable qui culmine en un repas d’anthologie propre à ranimer les coeurs les plus racornis par l’austérité.
Il est peu de spectateurs qui oublient le somptueux festin préparé par Babette. Mets et personnages se reflètent, telles les deux soeurs, ces fameuses « cailles en sarcophage » : innocentes, appétissantes, et enfermées dans une vie sans perspective dès leur plus jeune âge. Tout le film joue ainsi sur les oppositions : de foi, de type de féminité, de mode de vie, et enfin, d’aliments. Succulentes victuailles, qu’il faut plumer et décapiter pour les déguster. Paysages âpres, existences ascétiques et remplies par la prière ; ou un ailleurs lointain de plaisirs imaginés, dangereux et pétillant comme le champagne. La nourriture vient relier le tout, symbolisant les différences et rapprochant les êtres. Quelle meilleure métaphore de l’appétit spirituel que l’appétit terrestre ? Un film doux-amer, dénonçant l’excès, d’un côté comme de l’autre.