
QUE NOTRE JOIE DEMEURE de Cheyenne Marie Carron
Jeudi 20 février 2025, à 18h00, nous vous proposons d’assister à la diffusion du film de Cheyenne Carron sur le père Hamel, assassiné par un fanatique en 2016, et à la discussion qui suivra avec la réalisatrice, au cinéma Bio à Carouge.
Cela fait une quinzaine d’année que Cheyenne Carron écrit, réalise et produit des films dans une sorte d’anonymat paradoxal. Elle ne bénéficie que de peu de soutien (en tout pas de subventions du CNC) et distribue ses films elle-même. Car il faut dire que Cheyenne Carron ne se résout pas à suivre le mouvement et épouser les tendances. Au contraire, elle affirme avec force ses convictions chrétiennes et raconte systématiquement des histoires liées à la foi, à Dieu et aux tourments que rencontrent ses personnages dans leur quête de spiritualité ou tout simplement leur quête de vérité.
Avec son dernier film, Que notre joie demeure (2024), la réalisatrice ne déroge pas à la règle. Une fois encore, elle s’empare d’un sujet « catholique » (je l’écrit entre guillemet car est-ce un sujet en soi ?) et le décortique entre réalité et fiction, vérité et analyse, prise de distance, comme le personnage de la mère du « tueur », fine lettrée qui offre à son fils en phase de radicalisation les œuvres de Voltaire. Un portrait sensible de la mère, sans doute éloigné de la vérité : « Cela ne m’intéressait pas de montrer une analphabète qui aurait pu vivre dans les quartiers avec encore un pied dans sa culture d’origine car, à défaut de circonstances atténuantes, cela aurait été tout orienté sur un problème d’intégration » , précise-t-elle. Cela démontre sa justesse d’approche, son absence de militantisme chrétien, son ouverture d’esprit, sa vision narrative et, en définitive transforme le film en ode œcuménique qui s’adresse à tous, sans parti pris.

Sur les 16 long-métrages qu’elle a réalisé, je retiens entre autre, L’Apôtre qui raconte l’histoire d’un jeune musulman qui souhaite se convertir au catholicisme, apostasie qui, bien entendu, provoque conflits et tensions au sein de son environnement familial et social qui s’interroge, parfois avec violence sur le sens de sa démarche, jugée incompréhensible par les siens.
Il est aujourd’hui difficile d’éviter les sujets sociaux dans le cinéma français. La démarche de Cheyenne Carron est d’autant plus admirable. Mais ce film « interroge sur la place de l’homme dans la cité, l’enracinement ou le déracinement, et montre une jeunesse perdue et qui fait le choix d’aller vers la barbarie », précise-t-elle encore.
De quoi toucher enfin la lumière au sein d’un cinéma français toujours frileux face aux sujets religieux, lumière qui irradie ses films depuis plus de 15 ans.