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Débat

DÉBAT « LE SILENCE DE L’EXIL » – Trois questions à Julie Jeannet (Amnesty International)


FORTUNA : JEUDI 9 MAI À 20:00 suivi d’un débat


Interview avec
Julie Jeannet

Julie Jeannet est responsable des campagnes sur la migration au sein de la Section suisse d’Amnesty International. Elle sera parmi les invités du débat « LES SILENCES DE L’EXIL » qui suivra la projection du film « FORTUNA » de Germinal Roaux le jeudi 9 mai à 20h00. En trpis questions, elle s’exprime sur les enjeux de l’asile évoqués avec force et humanité par le film.

Le film suisse FORTUNA plonge le spectateur dans le vécu d’une réfugiée, une jeune fille éthiopienne placée dans un monastère du Grand St-Bernard. Que nous dit-il de l’accueil et de l’hospitalité ?

Ce film est magnifique et plutôt réaliste. Il reflète bien une tension présente dans notre société. D’un côté, il y a les frères du monastère, en contact avec les personnes réfugiées qui souhaitent les aider et de l’autre, les autorités qui font du zèle, en appliquant des procédures très dures, voire inhumaines. On le voit dans le film avec la descente de la police qui expulse violemment de nombreuses personnes et sème la terreur au sein du lieu ’accueil. Ce long métrage met en scène l’élan solidaire des religieux entravé par une application parfois aveugle d’une loi très dure. Il me fait penser à des situations réelles, comme par exemple l’engagement du pasteur évangélique, Norbert Valley, poursuivit par la justice pour avoir hébergé et nourrit un ami togolais dont la demande d’asile avait été refusée.  

La Suisse-est-elle un pays accueillant ?

Dans l’ensemble, la Suisse peut vraiment mieux faire. Depuis la première loi sur l’asile, il y a 40 ans, notre législation est devenue de plus en plus restrictive, mettant à mal notre tradition humanitaire. L’Europe et notamment la Suisse sont devenues de véritables forteresses et il est presque impossible aujourd’hui d’y arriver par des voies sûres et légales. Des milliers de personnes risquent leur vie chaque année pour pouvoir déposer une demande d’asile. Le Haut commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a recensé six décès par jour, parmi les personnes tentant de traverser la Méditerranée en 2018.Et pourtant, nos autorités font tout pour décourager les personnes de trouver refuge chez nous.

Dans l’immédiat notre pays doit d’abord modifier sa pratique en matière de renvois Dublin. La Suisse est un des pays les plus restrictifs en la matière. Ces décisions, qui consistent à prononcer le renvoi des personnes vers le premier pays européen qu’ils ont traversé, sont actuellement prises de façon quasi automatique. Au nom des Accords de Dublin, des familles sont séparées, des personnes malades sont renvoyées dans des pays où une prise en charge médicale adéquate n’est pas garantie. De plus, des enfants sont arrachés de leur classe, des mères d’enfants en bas âge sont renvoyées, alors que le père de leur enfant reste en Suisse, ou vice-versa. Cela doit être évité, notre pays pourrait entrer en matière sur les demandes d’asile des personnes arrivées en Suisse par un autre pays européen, en appliquant la clause de souveraineté prévu par le règlement Dublin.  

Amnesty International s’engage pour les droits et la dignité des réfugiés. Que pensez-vous du rôle des Eglises en Suisse dans la défense du droit d’asile ?


« J’étais un étranger et vous m’avez accueilli »

Les différences sont grandes entre les Eglises, mais j’ai récemment rencontré des personnes formidables et très engagées pour les réfugié·e·s. « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli », certaines personnes vivent au quotidien les paroles de l’évangile et font un travail formidable. Nous collaborons de temps en temps avec certains groupes dans le cadre de notre campagne LIBRE pour encourager la solidarité. Nous organisons notamment le 22 juin à Lausanne, dans le cadre de la Journée des réfugiées, une journée pour encourager la solidarité envers les personnes exilées. Nous récolterons des signatures pour changer la Loi sur les étrangers et l’intégration, pour que les personnes qui s’engagent pour les personnes sans papiers par solidarité ne soient plus poursuivies par la justice. Le groupe de Saint-François. Sant Egidio et Solidarité sans frontières, notamment nous soutiennent dans cette démarche. Voici notre site internet ainsi que la pétition en ligne : www.amnesty.ch/libre

Fortuna est voir jeudi 9 mai à 20h00 aux cinémas du Grütli



Missio, partenaire d’Il est une foi pour le film Fortuna