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MIRACLE(S) EDITO

LE 7è ART A L’EPREUVE DU MIRACLE

Bertrand Bacqué, directeur artistique et Norbert Creutz, membre du comité et critique cinéma au Temps

Sans doute un festival de cinéma dédié aux questions religieuses ne pouvait-il que se pencher un jour sur celle du miracle. Clé de voûte d’une foi naïve ou écueil stimulant d’une foi plus éclairée, cette question déjà largement débattue dans le cadre de l’interprétation des textes bibliques ne pouvait en effet qu’inspirer à leur tour les auteurs du 7e art. Aux miracles figurés par des trucages chers aux premiers faiseurs d’images soucieux d’édification, de Georges Méliès à Cecil B. De Mille, a en effet suivi une attitude plus responsable, qui cherche à distinguer le miraculeux du tout-venant fantastique à base d’effets spéciaux. Ainsi, de Carl T. Dreyer (Ordet) à Paul Schrader (First Reformed), le miracle au cinéma se fonde-t-il sur une certaine exigence de réalisme pour retrouver un impact, susciter l’émerveillement ou l’incrédulité dans des récits généralement complexes et pour finir rarement univoques. Avec à la clé une remise en cause de notre foi de spectateurs autant que celle des protagonistes, possiblement doublée d’une mise en abyme de l’outil cinéma lui-même.

Dans le programme que nous vous proposons, le miracle cinématographique se limitera à la définition stricte de phénomènes inexplicables qui semblent attester de l’intervention d’une force supérieure, peut-être de nature divine. Au minimum il s’agit d’un heureux hasard (prière exaucée, retrouvailles inespérées, obstacle levé, etc.), de manière déjà plus nette, d’une apparition qui guide ou apaise, le plus souvent d’une guérison qui échappe à la science. Le miracle ultime étant bien sûr la résurrection, qui vient contredire l’idée que la mort serait la fin de tout. Inversement, nous avons aussi tenu à présenter en projection tardive deux films d' »anti-miracles », qui postuleraient plutôt une intervention du Diable. Sans oublier, en guise d’ouverture, un miracle laïc qui n’a rien de surnaturel sinon un désir et un travail acharnés pour l’obtenir (Miracle en Alabama). Dans la plupart des récits proposés, une église instituée est de la partie, elle-même dépassée, testée dans ses réponses théologiques face à de tels phénomènes. On le voit, qu’ils existent ou non et qu’on y croie ou non, les miracles posent avant tout question. Ils créent une brèche vers un au-delà invisible, lancent le défi de l’irreprésentable. Pas si étonnant dès lors que nombreux ont été les cinéastes, et pas des moindres, attirés un jour ou l’autre par ce sujet. Quant à sa persistance à travers l’histoire du cinéma, du moins occidental, elle ne cesse d’étonner dans un monde supposé de plus en plus incroyant. C’est ainsi que nous avons retenu 28 films parmi un corpus bien plus vaste, en espérant qu’ils retiendront également votre attention. Enfin, c’est avec joie que nous avons découvert l’ouvrage Cinémiracles – l’émerveillement religieux à l’écran, essai tout récent (2020) du jeune auteur français Timothée Gérardin qui nous fera l’honneur d’accompagner cette 8e édition d’IL EST UNE FOI.