Face à la caméra comme pour un interrogatoire, les trois personnages de Paradis racontent leur vécu dans la France occupée et les camps de concentration, en plans fixes qui alternent avec les flashbacks des souvenirs évoqués...
Face à la caméra comme pour un interrogatoire, les trois personnages de Paradis racontent leur vécu dans la France occupée et les camps de concentration, en plans fixes qui alternent avec les flashbacks des souvenirs évoqués. Trois destins entrelacés, trois visions morales antagoniques : Olga, issue de l’aristocratie russe et impliquée dans la Résistance, croise le chemin de Jules, bureaucrate et collaborationniste français, avant de percuter la trajectoire de Helmut, un aristocrate allemand qu’elle a connu avant la guerre, devenu officier SS dans les camps de la mort.
Par ce dispositif narratif très simple, des images monochromes et sans rajouter de pathos à une situation qui peut se définir comme l’enfer sur terre, Konchalovsky confronte le spectateur à une succession de questionnements moraux. Si le film n’a pas une tonalité religieuse évidente au premier abord, il est traversé en permanence par l’ombre de la transcendance qui peut, ou peut ne pas, se réaliser en l’âme humaine sur cette terre. Et le dispositif de l’interrogatoire de se lire comme un purgatoire, où les personnages ont une ultime chance de prendre la pleine mesure de leurs actions passées et de revoir leurs croyances. Sobre, brillamment interprété, bouleversant.
