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MIRACLE, VOUS AVEZ DIT MIRACLE ?

Un miracle est un fait extraordinaire, dépourvu d’explication scientifique, qui est alors vu comme surnaturel et attribué à une puissance divine. Il est accompli soit directement, soit par l’intermédiaire d’un serviteur de cette divinité.

Les historiens qui se situent du côté de la science réfutent le concept de « surnaturel » pour expliquer quelque événement que ce soit. Leur approche est celle que définit Ernest Renan : « C’est au nom d’une constante expérience que nous bannissons le miracle de l’Histoire. »

Comment peut-on expliquer le miracle ? Il y a deux explications possibles : La science ou la foi.

Le « miracle » de la science est une façon d’évoquer les progrès réalisés visant à soigner, guérir, réparer les souffrances liées à la maladie, aux accidents de toutes sortes, au handicap, et le XXè siècle a connu des progrès hallucinant dans ces domaines, ceux de la santé et du bien être.

Le miracle de la foi dont la Bible est parsemée est souvent lié aux apparitions (Fatima – Marco Pontecorvo), un évènement extraordinaire comme la séparation des eaux de la Mer Rouge dans Les dix Commandements (Cecil B. DeMille), mais le miracle ultime reste celui de la Résurrection (L’Amour à mort – Alain Resnais), sans oublier les stigmates, les songes prémonitoires, les guérisons miraculeuses et autres exorcismes.

Dans son livre « Cinémiracles, l’émerveillement religieux à l’écran » (puisque c’est de cinéma dont il s’agit ici), Timothée Gérardin termine par un épilogue : « Je crois parce que c’est absurde », et dont nous vous proposons ci-après quelques lignes :

Le miracle est une notion mouvante, difficile à saisir, qu’on a pu trouver aux marges de tout une variété de genres, de registres et de thématiques, se réinventant perpétuellement à l’écran. La manifestation surnaturelle, prise dans un contexte religieux, efface les lignes de démarcation traditionnelles pour en tracer de nouvelles. Démarcation entre le trivial et le sublime, l’ordinaire et l’extraordinaire, mais aussi entre l’émerveillement et la terreur, la foi et l’incrédulité. Le miracle est un miroir présenté au spectateur, dans lequel il voit vaciller ses croyances et s’étonne d’en trouver d’autres, inédites.

Les deux décennies suivant la seconde guerre mondiale qui virent d’un côté les adaptations bibliques devenir un genre hollywoodien à part entière, et de l’autre le cinéma européen s’intéresser plus que jamais à des motifs spirituels, à travers les films de Rossellini, de Bergman ou de Pasolini. L’idée de miracle a ses auteurs prolifiques comme Paul Schrader, scénariste de La dernière Tentation du Christ et de First Reformed. Le Charlton Heston Des Dix Commandements et de Ben-Hur, par exemple, ou le Max von Sydow de La Source, puis du père Lankester Merrin dans L’Exorciste (dont nous programmons cette année le « préquel » Dominion, réalisé par Paul Schrader).

Mais au-delà des âges d’or et des présences récurrentes, le miracle au cinéma s’est caractérisé par quelques grands principes de représentation qu’on retrouve de film en film jusqu’à aujourd’hui. Le premier est l’importance accordée au regard des témoins et à sa régénération par l’émerveillement. De la petite fille d’Ordet au Bruno de De Bruit et de fureur, du Chant de Bernadette à Ponette, les films de miracles font des points de vue d’enfants une question posée au monde des adultes.

Le second principe est celui de la tension entre l’individu et la communauté : bien souvent, les personnages touchés par le miracle sont des personnalités singulières en butte à un environnement qui peut prendre la forme d’une famille, d’une société, d’une foule ou d’un pays. Que l’issue soit glorieuse ou tragique, les films les mettant en scène ont pour fonction d’illustrer leur combat. Enfin, troisième principe : en donnant à voir des phénomènes inexplicables, le miracle pose la question du sens, de la raison d’être d’évènements qui ne cadrent pas avec les explications du monde que les personnages ont à leur disposition. chaque film a beau en proposer son interprétation, ceux qui sont confrontés au miracle n’ont finalement pour eux que la formule de Tertullien : « credo quia absurdum », « je crois parce que c’est absurde ». Devise ayant ceci d’original qu’elle peut aussi bien servir à justifier l’acte de foi qu’à en critiquer l’irrationalité, double mouvement à l’œuvre dans la plupart des films de miracles.